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C-A Marchand: La culture sportive...



Le match de samedi soir dernier entre les Islanders et le Canadien, deux des pires équipes de la LNH, ne voulait rien dire et il ne fallait pas s’étonner de constater que plusieurs détenteurs de billets avaient préféré faire autre chose que se rendre au Centre Bell. Ils auront tout de même raté un bon spectacle. Assis dans une loge du cinquième niveau, avec une vue imprenable sur le centre de la patinoire, j’ai apprécié le match et surtout, j’ai savouré la préparation et la finition du but de Louis Leblanc qui en soi valait à lui seul le déplacement.

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C’est si beau le hockey quand c’est joué de cette façon et c’est inscrit dans notre ADN, ça fait partie de notre culture. Quel dommage que nous vivrons ce printemps hâtif sans connaître la fièvre des séries.


Lundi soir, je me suis toutefois à nouveau brouillé avec cette ligue de garage qu’est trop souvent le circuit Bettman. Six joueurs qui jettent les gants simultanément au début d’un match comme ce fut le cas à New York, c’est inacceptable en 2012.

J’aime la boxe, mais quand elle oppose deux hommes en shorts dans un ring. L’ancien arbitre Kerry Fraser, sur son blogue du réseau TSN, reconnaît que ce combat royal fut organisé bien avant que les deux équipes sautent sur la patinoire lorsque l’entraîneur-chef des Devils, Peter DeBoer, a remis son alignement de départ au marqueur officiel. En y voyant les noms des hommes forts du New Jersey, John Tortorella, son vis-à-vis des Rangers, s’est ajusté. Pour reprendre l’expression de Fraser: «Tortorella a répondu avec une contre-attaque comme n’importe quel petit Général l’aurait fait pour défendre son fort et l’honneur de son équipe.»

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L’ancien arbitre avance même qu’il ne faut pas s’attendre à d’autres sanctions de la part du préfet de discipline de la ligue. Vous me permettrez de ne pas applaudir et même de trouver ça un peu honteux.

Vous me répéterez que les bagarres font partie du hockey et je vous répondrai que vous avez tort. Je vous rappellerai aussi que les bagarres et la violence sanguinaire ont autrefois été tolérées au football, jusqu’au jour où, en 1905, le président américain Theodore Roosevelt menaça d’interdire la pratique de ce sport qui avait déjà fait 19 morts au cours de l’année. Les règlements ont été modifiés assez rapidement et la culture du football a changé. Un sport a le droit d’évoluer.

Il faut parfois faire la différence entre le folklore et la culture. Je veux bien concéder que des aberrations comme Don Cherry et les bagarres au hockey soient des artefacts désolants de notre folklore. Mais s’ils font partie de notre culture, j’aimerais rapidement m’en dissocier. Ce qui s’est passé lundi soir trois secondes après la mise en jeu du match Devils-Rangers, c’est tout sauf du hockey. Tant que la LNH fermera les yeux sur les comportements barbares et grotesques de certains joueurs, elle sera associée par la majorité des Américains avec la ligue de saltimbanques dépeintes dans le film Slapshot. On a la culture que l’on mérite.

On oublie malheureusement trop qu’une culture, ça s’entretient, et ça se change. Encore faut-il avoir des leaders qui ont des couilles. On ne pourra jamais reprocher à Roger Goodell, le commissaire de la NFL, de ne pas en avoir. Pour avoir fermé les yeux sur son unité défensive qui s’amusait à mettre littéralement «à prix» la tête des quarts adverses, l’entraîneur-chef des Saints de la Nouvelle-Orléans Sean Payton est suspendu pour un an, ce qui le privera de son salaire de plus de 7 millions de dollars en 2012.

Le coordonnateur défensif Gregg Williams, maintenant avec les Rams, est suspendu indéfiniment. Le directeur général des Saints Mickey Loomis est suspendu pour huit matchs. L’équipe perd deux choix de repêchage et devra payer une amende de 500 000 $. Et ce n’est pas terminé. Les joueurs et même les anciens joueurs qui ont participé à cet exercice qui récompensait ceux qui «sortaient» un adversaire du match préférablement sur une civière sont à leur tour dans le collimateur de la NFL.

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Roger Goodell voulait envoyer un message clair. Le football est un sport violent, pas besoin d’en rajouter. Il faut réduire le nombre de commotions cérébrales, prioriser la sécurité des joueurs. Si nécessaire, il faut changer la culture du sport. Le mot est lâché. Venant du commissaire d’une des ligues de sport professionnel les plus crédibles au monde, il me semble que d’autres devraient s’en inspirer.

La NFL défend farouchement son image et son intégrité. Ça commence par un arbitrage rigoureux où les règlements sont les mêmes du premier au quatrième quart, en match préparatoire ou au Super Bowl. Ça se reflète sur un comité de discipline qui peut se montrer impitoyable, comme ce fut le cas cette semaine.

Évidemment, Gary Bettman et la LNH n’ont rien à apprendre de quiconque…