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Finale de l'Euro - Analyse : Espagne ou Italie?

À la veille de la finale, je vais me risquer au petit jeu des comparaisons entre les deux équipes. J’espère, grâce à cela, vous donner certaines clefs importantes du match de ce dimanche.



Jeu offensif

La façon de procéder de l’Espagne est connue : progresser par passes courtes, minimiser les espaces entre ses propres joueurs. Facile à dire, mais certainement pas à appliquer, puisque les Espagnols et le FC Barcelone sont les seuls à maîtriser cet art. Pour rapprocher encore davantage les joueurs les uns des autres, l’équipe évolue généralement sans attaquant lors de cet Euro. Cela déstabilise la défense adverse mais illustre peut-être aussi un ralentissement de l’équipe, qui a besoin d’un homme de plus dans l’entrejeu pour dominer aussi facilement qu’elle le faisait auparavant. Pour compenser, elle accélère soudainement au moment où un milieu tente de se présenter face au gardien adverse. Durant la compétition, certains adversaires de l’Espagne lui ont considérablement compliqué la tâche en parvenant à la tenir loin de leur but et à la forcer à tenter de jouer contre-nature.

L’Italie a montré lors de cet Euro qu’elle savait parfaitement exploiter les carences défensives de son adversaire. L’Irlande est faible sur corner ? L’Italie marque ses deux buts contre elle de la sorte. L’Allemagne gère mal son flanc droit ? Les Italiens passent deux fois par ce côté pour l’éliminer en demi-finale. Bien entendu, le talent et l’inspiration de Cassano et Balotelli ont beaucoup de poids dans la balance offensive italienne. Comme l’Espagne, elle est capable de marquer en faisant le jeu, en changeant brusquement de rythme, en contre-attaque ou sur coup de pied arrêté, grâce au coup de patte de Pirlo (que l’on voit aussi dans le cours du jeu, évidemment). Son manque de réalisme devant le but est son plus grand problème : sans lui, elle n’aurait pas dû recourir aux tirs au but contre l’Angleterre et elle aurait évité de se faire peur dans les arrêts de jeu contre l’Allemagne.


Jeu défensif

Le meilleur moyen d’empêcher l’adversaire d’envoyer le ballon dans le but, c’est de faire en sorte… qu’il soit privé du ballon. Là encore, facile à dire mais pas à faire. Tel est toutefois l’état d’esprit des Espagnols en matière de défense. Ainsi, dès qu’ils perdent la possession du cuir, ils exercent un pressing sur l’adversaire pour lui reprendre le ballon le plus rapidement possible, le pousser à l’erreur ou, dans le pire des cas, l’obliger à reculer. Ce fut très efficace puisque l’Espagne n’a concédé qu’un but lors du tournoi… face à l’Italie.

Depuis l’arrivée de Cesare Prandelli, le catenaccio (« Tout le monde derrière ! ») n’est plus à la mode dans la Squadra azzura. Ça ne veut pas dire que les Italiens ne savent plus défendre, loin de là. Ils ont commencé le tournoi avec une défense à trois, ce qui leur a d’ailleurs bien réussi lors du match contre l’Espagne, mais sont revenus à un quatre arrière traditionnel depuis le retour de Barzagli. Il a alors fallu attendre un penalty dans les arrêts de jeu de la demi-finale pour voir l’Italie encaisser. Pour la mettre à mal, l’Espagne ne devra pas s’obstiner à jouer dans l’axe et devra accélérer le rythme entre ses passes courtes.


Jeu sur les côtés

Les flancs ont eu une importance majeure lors de cet Euro. C’est peut-être un des rares points faibles de l’Espagne, qui n’y a été efficace offensivement que contre l’Irlande et la France, exploitant leurs faiblesses défensives. Son jeu penche beaucoup à gauche quand Iniesta s’y trouve, mais il est plus efficace quand il rentre dans le jeu. À droite, Silva est davantage menaçant mais il connaît une fin de tournoi difficile. Pour ramener une certaine vivacité dans les couloirs, Del Bosque pourrait être tenté de titulariser Pedro lors de la finale.

Il est fréquent de voir un des attaquants italiens de déplacer soit à gauche soit à droite pour soutenir ses milieux de terrain ou s’éloigner des défenseurs. Quand l’autre reste devant, ils se trouvent facilement. Quand les deux voyagent, l’équipe est à court de solutions. Les arrières latéraux de l’Italie pourraient aussi soutenir leur entrejeu et y apporter le surnombre, pour ennuyer les Espagnols si ceux-ci ne les cantonnent pas à leurs tâches défensives.


Forme

A priori, la fraîcheur physique est un élément en faveur des Espagnols. Pas seulement parce qu’ils ont joué leur demi-finale un jour plus tôt. Depuis le début de cet Euro, l’Italie s’illustre surtout en première mi-temps, et particulièrement dans les deuxième et troisième quarts d’heure. En revanche, elle a connu quelques deuxièmes mi-temps difficiles. D’ailleurs, les trois seuls buts qu’elle a encaissés lors du tournoi sont tombés lors de la dernière demi-heure. C’est durant cette même période que l’Espagne a inscrit cinq de ses huit buts… Et à bien observer les joueurs après le coup de sifflet final, les Espagnols semblaient généralement beaucoup plus frais que leurs adversaires.


Voilà donc des éléments clefs qui vous permettront de surveiller certains aspects particuliers de la finale, la manière dont ils sont appliqués ou contrés. Ainsi, vous regarderez peut-être même l’apothéose de cet Euro d’un autre œil. Je me dois de souligner que le site http://www.visiondujeu.com a constitué une excellente source de données pour m’aider à vous offrir des informations les plus pertinentes possibles.

Bonne finale à tous, et n’oubliez pas que vous pouvez nous rejoindre pendant celle-ci sur Yahoo! qui en offrira un direct commenté où vous êtes invités à participer et à poser vos questions. J’espère vous y retrouver nombreux.