Euro - Italie vs Allemagne: Balotelli, comme une lettre à la poste


« Quand je marque, je ne fais pas la fête : c'est mon métier. T’as déjà vu un facteur sauter de joie quand il a livré le courrier ? » Mario Balotelli, après avoir encore frappé par une déclaration dont il a le secret, a marqué les deux buts qui ont qualifié l’Italie pour la finale de l’Euro face à une Allemagne trop timorée.



Il fut un temps, pas si lointain, où l’Italie s’adaptait à son adversaire. L’Allemagne ? Il lui en aurait fallu beaucoup pour s’abaisser à ce qu’elle considérait comme un aveu de faiblesse. Pourtant, lors de cette demi-finale, on a rapidement compris que Joachim Löw avait mis un genou à terre.

Le sélectionneur allemand avait complètement revu sa copie offensive, pourtant très prolifique face à la Grèce. Klose retrouvait le banc, et Özil était entouré de Podolski, à gauche, et Kroos, à droite. Le premier est très peu en vue depuis le début du tournoi, le second y était titularisé pour la première fois. Objectif offensif ? Loin de là ! Encore plus porté à rentrer dans l’axe du jeu que Reus, Kroos avait pour mission d’empêcher les incursions de De Rossi.

Alors, bon, De Rossi a été discret offensivement. Bravo… Non, je suis sarcastique, car le revers de la médaille a fait beaucoup plus mal. Une fois de plus, il y avait un gros trou du côté droit allemand. Özil, moins inspiré que contre la Grèce, tentait de le combler sans trop de réussite. Boateng montait, tentait de se montrer dangereux, mais, dans un mauvais jour, il gaspillait surtout de l’énergie. Les Italiens avaient un boulevard sur leur flanc gauche (où Chiellini s’est beaucoup amusé), et c’est de là que sont venus leurs deux buts.

Sur le premier, il faut souligner le travail de Cassano, entouré par deux adversaires, et qui est quand même parvenu à se retourner et à centrer pour Balotelli, qui a marqué de la tête, chose ô combien rare. Sur le second, tout démarre d’un corner pour les Allemands. Buffon boxe le ballon loin devant lui, tout à fait à gauche, où Montolivo a beaucoup d’espace de manœuvre. Il a tout le loisir de lancer Balotelli, entre Lahm et Badstuber. Le premier recule, le second avance, l’Italien échappe au hors-jeu et file fusiller Neuer…

À la mi-temps, Löw a concédé son erreur en retirant Gomez et Podolski, au profit de Klose et Reus, et en replaçant Kroos à gauche. Les Allemands ont mieux joué, davantage pressé leur adversaire et Khedira a été très présent haut dans le jeu. C’était toutefois insuffisant. Ils ont multiplié les combinaisons courtes dans l’axe, où il y avait toujours de nombreux Italiens, et ont oublié d’utiliser les flancs qui sont pourtant une de leurs forces. La conviction et la précision ont aussi régulièrement fait défaut à ceux que beaucoup pointaient comme favoris de la compétition.

L’Italie a même eu de nombreuses occasions de faire 0-3, notamment par Marchisio et Di Natale, mais a péché par manque de lucidité. Elle aurait pu s’en mordre les doigts lors d’arrêts de jeu complètement fous, lors desquels Özil a relancé le suspense sur penalty. Mais c’était trop tard…

Si l’Allemagne n’a pas évolué à son meilleur niveau, il ne faut certainement pas diminuer les mérites de l’Italie. On sait que l’équipe de Prandelli est plus offensive que les générations précédentes, mais elle montre aussi qu’elle sait bien défendre. Dès qu’un Allemand effectuait une passe, deux Italiens se dirigeaient sur le destinataire pendant que le ballon était en chemin, histoire de lui fermer la porte.

Et puis, il y a Pirlo. Toujours en mouvement, à la base des offensives des siens, il a confirmé son excellent match contre l’Angleterre. Il s’améliore au fil des rencontres. Non seulement il sait toujours où il va envoyer le ballon avant de le recevoir, mais il est aussi parfaitement conscient de l’endroit où vont se trouver les adversaires qui vont tenter de l’empêcher de réussir son geste. Et le tout avec un calme olympien…

Malgré ce match de haute facture du chef d’orchestre de la Squadra, c’est son enfant terrible qui occupera les unes des journaux ce vendredi. Avec une petite pensée pour les facteurs qui les livreront aux abonnés.