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Euro - Analyse : Croatie, Italie, Espagne, 3 équipes séduisantes pour deux places

La Croatie a pris la tête du groupe C en faisant forte impression lors de sa victoire face à l’Irlande, alors que l’Espagne ne fut pas aussi dominatrice qu’attendu et a concédé le nul contre une séduisante Italie.



Le scénario du match Espagne - Italie après le but égalisateur a répondu à la caricature que beaucoup attendaient. Mais le partage est à mes yeux logique car la rencontre fut loin d’être à sens unique.

Le sélectionneur espagnol Del Bosque avait décidé de jouer… sans attaquant, mais avec une flopée de médians se présentant aux avant-postes à tour de rôle. Une tactique osée dont le mérite était de compliquer la tâche de la défense italienne, qui pouvait plus difficilement prévoir qui allait surgir de quel endroit.

Un style parfois adopté par Barcelone ; sans Messi, l’appliquer s’est avéré plus difficile pour les Espagnols qui ont longtemps éprouvé du mal à se retrouver en position dangereuse. Exploitant trop peu les flancs, ils ont été bloqués par des Italiens à qui il suffisait de fermer le jeu dans l’axe. De Rossi a réalisé un excellent match défensif, et fut aussi souvent le premier à lancer les attaques italiennes.

Mais la première fois qu’il fut pris hors-position, l’Espagne le lui a fait payer, à l’issue d’une action où en quatre passes courtes, toutes vers l’avant, le ballon est allé de la ligne médiane à Fabregas, dont c’était le tour de se présenter à l’attaque.

Ensuite, l’Espagne a acculé l’Italie devant son but. Il lui a fallu plus d’une mi-temps pour développer son jeu habituel, qui lui permet d’étouffer même les meilleures équipes du monde. Jusque-là, son milieu de terrain semblait généralement se demander comment créer le danger, oubliant du coup de défendre, ce dont profitaient un Motta inspiré et un Pirlo jouissant de trop de liberté.

Bien que le jeu se soit passé dans leur camp, les Italiens avaient été les plus menaçants en première mi-temps. Depuis l’arrivée de Cesare Prandelli, la Squadra est toujours aussi appliquée, mais prend davantage l’initiative que par le passé. On y a senti de l’envie (rien à voir avec la dernière Coupe du monde où les Italiens se traînaient les pieds), et elle ne s’est pas contentée de défendre, loin de là.

Sa deuxième mi-temps fut plus difficile mais elle eut quand même plusieurs occasions. Cassano a fait souffrir la défense espagnole. Balotelli n’a pas profité d’un énorme cadeau de Ramos. Prandelli, qui lui a publiquement affirmé sa confiance, l’a alors remplacé par Di Natale, auteur de l’ouverture du score, ponctuant un splendide travail préparatoire de Pirlo et revendiquant ainsi une place de titulaire. L’Italie a montré qu’elle ne méritait pas d’être sous-estimée, en partageant l’enjeu contre des champions du monde qui affutent encore leurs réglages.

Si ces deux équipes ont montré de belles choses, elles devront écarter du groupe C une Croatie qui a fait forte impression contre l’Irlande lors d’une rencontre très agréable à suivre tant pour le jeu que pour l’ambiance dans le stade, au rythme élevé et proposant une opposition de styles. La technique et la bonne circulation de balle étaient le lot des Croates. Il ne fallait pas s’attendre à du jeu académique de l’équipe au trèfle, typiquement britannique et entraînée par un Italien de la vieille école.

Sauf que pour faire honneur à cette réputation, il faut bien défendre (notamment sur les phases arrêtées) et dominer dans les airs. Ce ne fut pas le cas des Irlandais, qui ont encaissé deux buts inscrits de la tête, chacun au début d’une mi-temps.

Toutefois, les Irlandais ont sans cesse fait preuve de cœur à l’ouvrage, n’abdiquant jamais et appliquant beaucoup de pressing sur le porteur du ballon pour provoquer l’erreur de l’adversaire. Insuffisant pour déjouer des Croates laissant très peu d’espaces entre les lignes et très forts à la récupération, que ce soit sur le premier ou le deuxième ballon. Ainsi, avant d’avoir deux buts de retard, à peine les Irlandais se dégageaient-ils que le danger revenait.

L’ouverture du score, suite à un corner mal dégagé, en est l’illustration parfaite. Mandzukic marquait à cette occasion le douzième but du tournoi,… le premier sur phase arrêtée. Le deuxième arriva lors de l’égalisation irlandaise : un coup franc au deuxième poteau repris par St Ledger, qui avait devancé Corluka parti en retard.

Même s’il a récompensé sa domination, le deuxième but croate est sujet à polémique, et au débat. Tout a commencé par un tir de Modric, sur lequel Jelavic était hors-jeu. Le ballon n’est pas allé dans sa direction, mais plutôt sur le pied d’un Irlandais qui, de l’autre pied, a ensuite malencontreusement lancé Jelavic vers le but. On sait qu’il n’y a pas hors-jeu lorsque la passe vient de l’adversaire. Certains estiment que le buteur a toutefois profité de sa position fautive au moment du tir de Modric… La vidéo nous montre clairement le déroulement de l’action mais ne nous avance pas plus quant à la validité du but.

Les Croates n’ont plus lâché leur avance, et l’ont même accrue rapidement, suite à une action collective passée de gauche à droite illustrant une fois de plus l’excellente circulation de balle croate… et conclue par un gros coup de malchance pour le gardien irlandais Given. Malgré leur retard, les Irlandais n’ont jamais baissé les bras. Ce fut malheureusement pour eux leur principal mérite.



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