Les Alouettes pourraient perdre gros

Quand j’ai rejoint Jim Popp chez lui en Caroline hier matin, il s’est empressé de me dire qu’il ne voulait ni commenter, ni confirmer, ni infirmer les informations voulant que lui, avec les Panthers de la Caroline, et Marc Trestman, avec les Bears de Chicago, soient dans la mire d’équipes de la NFL. Ce qui ne nous a pas empêchés de jaser de tout et de rien pendant une bonne vingtaine de minutes. Il était de très bonne humeur et, comme toujours, avec une ou deux anecdotes à raconter, cette fois concernant les Bowls universitaires américains. Mais quand je lui ai dit à la prochaine, je me suis demandé sérieusement si je parlais alors au vice-président aux opérations football des Alouettes ou au nouveau directeur-général des Panthers. Ce ne sera pas la première fois que Popp ou Trestman seront de la liste des candidats d’équipes de la NFL. Mais depuis hier, je me demande si cette fois-ci ne sera pas la bonne pour eux.




La NFL est en pleine mutation. Je l’écrivais récemment, les jeunes quarts ont la cote. Les coordonnateurs offensifs s’adaptent à eux et on voit de plus en plus des formations fusils et des livres de jeux qui ressemblent à ce qui se fait dans la NCAA et la LCF. Marc Trestman est un génie offensif et c’est exactement ce que recherchent les Bears. Les Panthers ont besoin de se rapprocher de leurs partisans et quoi de mieux que d’embaucher un directeur-général qui habite en Caroline en plus d’être passé maître dans l’art de dénicher des joueurs de talent. S’il a réussi avec les budgets limités d’une équipe de la LCF, imaginez ce que Jim Popp pourrait réussir sous le riche plafond salarial d’une équipe de la NFL.

Bien sûr, ni Popp, ni Trestman ne seront les seuls candidats rencontrés par les Panthers ou les Bears. À Chicago, le directeur-général a déjà rencontré Mike McCoy, le coordonnateur à l’attaque des Broncos, dimanche à Denver. On raconte qu’il n’a pas moins de dix candidats sur sa liste et que d’autres noms risquent de s’ajouter d’ici la fin des éliminatoires, et la plupart sont des coordonnateurs offensifs établis dans la NFL. Rick Dennison des Texans serait un de ses candidats préférés mais il serait tout aussi intéressé d’entendre ce qu’aura à dire Darrell Bevell, des Seahawks, Bruce Arians des Colts ou Tom Clements des Packers. Dans tous ces cas, il a dû d’abord obtenir la permission des équipes concernées. En revanche, le consentement des Alouettes n’était pas nécessaire. Les équipes de la NFL peuvent, en effet, interviewer à leur guise les entraîneurs ou directeurs-gérants sous contrat dans la LCF sans avoir besoin de la permission de quiconque. De toute façon, Robert Wetenhall aurait laissé savoir à nos collègues des médias anglophones, qu’il ne s’interposerait pas si Trestman ou Popp réussissaient à améliorer leur sort.

Et si cette fois c’était la bonne, qu’est-ce que cela signifierait pour les Alouettes? Je sais que pour plusieurs partisans, une telle perspective est terrifiante. Mais les cimetières sont remplis de personnes indispensables. Marcel Desjardins, le bras droit de Jim Popp, est méconnu, mais pourrait très certainement relever le défi tout en s’entourant des bonnes personnes pour l’assister tant pour les négociations des contrats que le dépistage. Mais c’est un homme extrêmement brillant qui connaît son football, et connaît la LCF. Le jour où Jim Popp décidera de quitter l’organisation des Alouettes, j’estime que Marcel Desjardins mérite d’être sérieusement considéré pour lui succéder.

Marc Trestman a mené les Alouettes à deux conquêtes de la Coupe Grey depuis qu’il s’est amené à Montréal. Malgré tout ce qu’il a accompli, malgré son indéniable leadership et sa créativité, lui non plus n’est pas irremplaçable. Et son départ pourrait signifier le début d’une nouvelle ère chez les Alouettes. Pourquoi ne pas en profiter pour recruter un entraîneur-chef québécois? Pourquoi ne pas donner une chance à Glen Constantin du Rouge et Or? Pourquoi ne pas rencontrer un Marc Santerre, un André Bolduc, un Danny Maciocia, ou un Jacques Dussault? On ne cesse de clamer sur tous les toits que notre football universitaire est en plein essor, que nous avons des entraîneurs de qualité à tous les niveaux, alors pourquoi les Alouettes ne profiteraient-ils pas de la situation pour donner la chance à un gars de chez nous?

Personne ne souhaite le départ de Trestman ou Popp. Mais si cela devait se produire au cours des prochains mois, le chef de la direction Mark Weightman, lui-même, un p’tit gars du Nord, pourrait réussir tout un coup d’éclat dont on jaserait longtemps dans les chaumières!