Les Alouettes face à l’adversité…



L’entraîneur-chef des Alouettes Marc Trestman aime répéter depuis maintenant cinq ans qu’il est à la barre de l’équipe, qu’une équipe doit d’abord être évaluée sur sa façon de réagir à l’adversité. Après une séquence de sept revers remontant à l’an dernier, et malgré la présence d’une vingtaine de nouveaux joueurs au sein de l’édition 2012 des Alouettes, Trestman sera servi au cours des prochaines semaines. Lors des matches à venir contre les Blue Bombers et les Stampeders au Stade Percival-Molson, Trestman et son personnel d’entraîneurs auront l’occasion de voir de quoi sont faits leurs joueurs et ce qu’ils ont dans le ventre.



La défaite de dimanche à Calgary est probablement l’une des plus embarrassantes subies par les Alouettes depuis fort longtemps. Les Z’Oiseaux n’ont jamais été dans le coup. On aurait dit une volée d’outardes qui ont perdu le nord!  Marc Trestman a pris le blâme en s’accusant de ne pas avoir suffisamment bien préparé son équipe. Anthony Calvillo a fait de même. C’est toujours louable de voir les capitaines d’un navire assumer l’entière responsabilité lorsqu’il s’échoue. Mais il faudra aussi que tous les joueurs, sans exception, se regardent dans le miroir et y aillent de leur propre mea-culpa. Pas certain qu’un seul d’entre eux puisse regarder le film de ce match-là sans avoir quoi que ce soit à se reprocher. Dimanche, rien n’a fonctionné pour les Alouettes. Aucune des trois unités ne peut prétendre avoir répondu à l’appel.

En demi-finale de l’Est, par exemple, l’attaque montréalaise avait généré plus de points que nécessaires pour placer l’équipe dans une position de passer à la ronde suivante. Malheureusement, la défensive s’était écrasée face aux Tiger-Cats. C’était une défaite d’équipe certes, mais tous ne partageaient pas le même niveau de responsabilité. À Calgary, face à des Stampeders qui comptaient eux aussi sur de nombreux nouveaux venus, les Alouettes auront été mauvais dans tous les aspects du jeu. L’attaque menée par Anthony Calvillo a été, de l’aveu même du vétéran quart-arrière, tout simplement pathétique. Ses passes ont souvent manqué d’aplomb et lorsqu’elles étaient précises, plusieurs ont échappées à des receveurs qui nous ont pourtant habitués à plus de fiabilité.

La défensive que l’on promettait spectaculaire, intimidante, violente et explosive n’aura été que brouillonne et erratique.  Oubliez les formations 3-4 ou 4-3. C’était, comme l’a décrit à la blague un collègue après le match, du 5-2-5, du 3-3-6 ou du 6-1-5. Bref, c’était, du haut de la galerie de presse, n’importe quoi et vous nous permettrez de douter que ce soit ce qu’ait imaginé sur papier le nouveau coordonnateur Jeff Reinebold. Sa défensive est peut-être plus complexe mais ce n’est pas l’adversaire qui en a été mystifié, mais bien les joueurs qui avaient à l’exécuter. Les joueurs semblaient pourtant si enthousiastes depuis deux semaines, si excités de la mettre à exécution. Leur enthousiasme aura-t-il eu raison de leur préparation?

Le quart Drew Tate avait tout le temps du monde pour passer le ballon et Jon Cornish pouvait courir sans trop de mal au milieu d’un front défensif qui présentait plus de trous qu’un fromage Gruyère. Le seul moment où la défensive montréalaise s’est montrée « violente » et « vicieuse » comme nous le prédisaient plusieurs joueurs, c’est lorsque le secondeur Shea Emry s’est élancé de toutes ses forces sur un Drew Tate couché sur le sol pour protéger le ballon à la suite d’une mauvaise remise, écopant ainsi une pénalité fort méritée pour rudesse excessive.

Ce ne fut guère plus brillant au niveau des unités spéciales même si le botteur Sean Whyte a réussi quelques bons bottés de dégagement au cours du match. On ignore toujours qui est le véritable spécialiste des retours entre Trent Guy et Noel Devine. À leur défense il faut dire que ni l’un ni l’autre n’a jusqu’ici bénéficier de corridors bien protégés pour étirer un retour de botté et le transformer en long gain. Là encore, on a souvent eu l’impression que les joueurs des unités spéciales semblaient se chercher des repères sur le terrain pour créer les ouvertures.

Cela dit, le football est un sport d’équipe où chaque erreur est rapidement magnifiée à la loupe. Il suffit d’une erreur de la part d’un des douze joueurs sur le terrain pour saborder un jeu brillant et faire mal paraître les onze autres. Imaginez quand sur le même jeu plus d’un joueur commet une bourde. Le schéma brillamment dessiné dans le livre des jeux par les entraîneurs se transforme en véritable gribouillage informe sur le terrain. Dimanche, je me demande s’il y a une seule séquence où les douze joueurs des Alouettes, peu importe l’unité, ont tous exécuté leur assignation à la perfection. J’en doute fortement.

La bonne nouvelle c’est qu’il y a triple-égalité dans l’est après cette première semaine d’activité. Les quatre équipes de la division ont mordu la poussière face aux équipes de l’ouest. L’autre bonne nouvelle c’est que les Alouettes n’auront pas beaucoup de temps à ruminer la défaite subie à Calgary. Les Blue Bombers s’amènent en ville vendredi soir et, possiblement privés de Buck Pierce, ils ont le profil parfait du bouc-émissaire sur lequel on se venge joyeusement d’avoir été récemment humilié. Il y a trop longtemps maintenant que les Alouettes n’ont pas célébré une victoire. Sept matches sans gagner, même si deux n’étaient que des rencontres préparatoires, c’est trop. Bien sûr, la situation est loin d’être dramatique, c’est vrai. Après tout les Lions ont gagné la Coupe Grey l’an dernier après avoir perdu leurs cinq premiers matches de la saison et six de leurs sept premiers.

N’empêche que vendredi soir au Stade Percival-Molson, chaque joueur des Alouettes aura quelque chose à prouver, quelque chose à se faire pardonner. N’empêche que ce match-là nous donnera une bonne indication de la force de caractère des nouveaux-venus et de l’intensité de la flamme dans le cœur des vétérans qui ont déjà gagnés deux Coupe Grey sous les ordres de Marc Trestman.

Face à l’adversité, que les véritables Alouettes se lèvent!