Le successeur d’Étienne Boulay : une bête!

Kyries Hebert, prononcé « Hébert » à la française (c’est lui qui insiste), celui qui sera appelé à succéder à Étienne Boulay comme maraudeur partant des Alouettes en 2012, n’est pas un nouveau venu dans la LCF. Après avoir signé avec les Vikings du Minnesota il y a dix ans, ce natif de Eunice en Louisiane, a disputé quelques matches dans l’uniforme des Texans de Houston avant de se retrouver, deux ans plus tard, avec les Renegades d’Ottawa. Il s’est alors rapidement bâti la réputation d’être l’un des plaqueurs les plus redoutables au pays.



« C’est une bête », tranche Marc-Olivier Brouillette, qui en plus d’évoluer comme secondeur, aura parfois à seconder Hebert au poste de maraudeur. « J’ai jamais vu un gars gros de même bouger aussi aisément et aussi rapidement que lui. C’est vraiment spécial de le voir aller. » Si Étienne Boulay était un joueur trapu de 5’9, 185 livres, Kyries Hebert fait 6’3 pouces et pèse plus de 220 livres. Et pour l’avoir vu en survêtement ajusté, je peux vous affirmer qu’il n’a pas une once de gras. C’est un athlète sculpté naturellement comme une panthère qui, à l’aube de ses 31 ans, est affamé. 

«C’est un joueur agressif. Il apporte plus d’agressivité à notre tertiaire. Il contribuera beaucoup à ce que l’on tente d’implanter au niveau de la défensive cette année », explique le demi-défensif Jerald Brown qui s’empresse de rappeler que n’eut été des blessures à plusieurs joueurs clés la saison dernière, la défensive de l’équipe n’aurait pas concédé autant de points matches après matches aux offensives adverses. « Nous avions une très bonne défensive au cours des dernières années. Cette saison nous avons apporté certains changements mais nous aspirons tout simplement à connaître une excellente saison. » John Bowman, qui ratera le premier match de la saison en raison d’une blessure en rajoute : « Nous aurons une défensive rapide et vicieuse. Vous verrez que nous serons excitants à voir jouer, je vous le promets. » De toute évidence l’ajout de Kyries Hebert ne passera pas inaperçu.

Pourtant il n’a disputé que deux matches avec les Tiger Cats au cours de la saison 2010 et n’a pas joué l’an dernier. Plusieurs croyaient que sa carrière était terminée mais pas lui. Il s’est présenté au mini-camp des Alouettes en avril en espérant obtenir une invitation pour le camp d’entraînement. Il a suffisamment impressionné pour être invité à Lennoxville au début de juin.  Rien ne laissait alors présager qu’il finirait par ravir le poste de maraudeur partant à Étienne Boulay, d’autant que le pari d’une tertiaire toute américaine signifiait que les Alouettes devaient revoir leur charte de position afin de respecter la règle de sept partants canadiens sur vingt-quatre. Au mieux, on l’imaginait dans un rôle de second derrière Boulay. Mais Hebert a fini par brouiller les cartes. « Je ne voulais pas rater cette chance unique de prouver que je pouvais encore jouer au football. Ça me démangeait de revenir au jeu. » Hebert a participé à une finale de la Coupe Grey avec les Blue Bombers de Winnipeg en 2007, mais les Roughriders de la Saskatchewan avaient gagné le match. «Je veux gagner la Coupe Grey. Les Alouettes ont la réputation d’avoir la recette pour bâtir des équipes championnes. »

« Il s’est toujours maintenu en excellente condition physique. Il nous a démontré qu’il voulait jouer et qu’il était encore un passionné de football. Qui plus est, il voulait jouer pour les Alouettes de Montréal et ça aussi c’était important à nos yeux », racontait récemment le directeur-général et vice-président des opérations football Jim Popp. Le principal intéressé nous avait d’ailleurs prévenus à Orlando puis à Lennoxville : « Je vous promet que je vais tout faire pour que les entraîneurs aient une décision difficile à prendre. » Il a tenu promesse et c’est pour cette raison qu’Étienne Boulay est désormais à la recherche d’un nouvel emploi.

Étienne Boulay va certes nous manquer mais les partisans apprendront certainement à apprécier son successeur qui promet d’en mettre plein la vue sur le terrain par la violence de ses plaqués, mais qui s’avère aussi être un gaillard drôlement sympathique à l’extérieur du terrain. Il parle même un peu le français même s’il admet être drôlement rouillé dans la langue de Molière et des Cajuns. « Je l’ai appris comme langue seconde à l’école », nous dit-il fièrement. « Mais ce n’était pas la matière sur laquelle j’ai travaillé le plus fort », ajoute-t-il un peu penaud. Tu le parles encore? « Comme ci, comme ça », répond-t-il avec un air gêné.

Parions que d’ici la fin de la saison, il aura retrouvé ses mots et pourra même tenir une conversation en français.
.