C-A Marchand: Des Alouettes soulagés




La victoire des Alouettes vendredi soir à Winnipeg aura fait un immense bien aux joueurs de Marc Trestman. Ils en avaient grandement besoin pour plusieurs raisons. Ils avaient beau avoir été convaincus que l’amère défaite de la semaine précédente face aux Argos annonçait de belles choses, celles-ci se devaient tout de même de devenir concrètes rapidement. Même si le vol de retour à Montréal était prévu à l’aurore du samedi, certains d’entre eux ont savouré la première nuit de leur semaine de relâche dans divers estaminets de la capitale manitobaine qui, à défaut de veiller aussi tard que Montréal, ne roule plus ses trottoirs aussi tôt qu’il y a trente ans et ses bars sont drôlement plus sympathiques qu’ils l’étaient jadis. Même le vieillissant chroniqueur a suivi ses jeunes collègues de la radio et de la télévision pour  épancher sa soif et se surprendre d’entendre un band jouer du bon vieux rock de l’époque où il n’avait pas l’âge d’être le père des jolies jeunes filles qui vont danser le samedi soir!

Tous ceux de l’organisation montréalaise que j’ai croisé au cours de la soirée étaient tout sourire. Comme si un poids énorme venait d’être enlevé de leurs épaules. Et leurs sourires reflétaient davantage la sérénité qu’un faux sentiment d’invincibilité. « Nous ne sommes plus l’équipe à battre dans cette ligue » nous avait dit plus tôt cette semaine l’ailier défensif John Bowman. « C’est agréable de jouer sans avoir une cible dans le dos. » Les joueurs des Alouettes ont donc célébré sobrement cette victoire qui marquait le coup d’envoi de leurs courtes vacances estivales. C’étaient de jeunes athlètes soulagés d’avoir gagné un match important et heureux de pouvoir profiter de ces quelques jours de congé la tête en paix. Une pause qui  n’en sera que plus agréable. Ils ne sont pas différents de vous à cet égard : on préfère tous commencer ses vacances sur une réussite plutôt que sur un échec.  

Joueurs et anciens joueurs ne cessent de me répéter depuis des années à quel point il est important de gagner ce match qui précède la relâche, combien une défaite à cette étape-là de la saison peut être lourde de conséquences sur le moral. Si j’ai croisé des Alouettes détendus après le match de vendredi, j’ai aussi croisé quelques joueurs des Blue Bombers qui eux semblent carrément découragés par leur fiche de 1-5. Mon collègue Bruno Heppell (avec qui j’ai le plaisir de décrire les matches des Alouettes au 98,5 FM) a bien tenté de les encourager en rappelant que l’an dernier les Lions avaient connu un atroce début de saison avant  de renverser la vapeur pour finalement remporter la Coupe Grey. Ce fut peine perdue. « Au moins les Lions avaient une équipe » a répondu l’un d’eux. « Et de la profondeur. Nous n’avons aucune profondeur. » de renchérir un autre. Ça sent le roussit à Winnipeg si vous me demandez mon avis.

Non, le moral n’est pas très bon du côté des Blue Bombers et ils ne risquent pas de profiter autant de la semaine de relâche que les Alouettes. En lisant les journaux de Winnipeg samedi matin je me suis dit que ce ne sont certainement mes confrères manitobains qui se chargeront de leur remonter le moral, bien au contraire. Déjà certains chroniqueurs sportifs bien en vue des prairies réclament que des têtes roulent suite à ce très décevant début de saison pour les finalistes de la dernière Coupe Grey. Mon bon ami Gary Lawless, columnist au Winnipeg Free Press et animateur de tribunes téléphoniques, me parlait hier d’une chute libre pour les Blue Bombers même s’il reconnaissait que les Alouettes semblaient eux prendre leur envol. C’est un peu des deux mon vieux.

D’autant qu’à Winnipeg, la troupe de Marc Trestman a probablement disputé son meilleur match de l’année. Ce ne fut certes pas parfait mais les matches parfaits sont très rares. L’attaque a manqué de mordant dans la zone rouge mais Anthony Calvillo a tout de même connu un fort match dans l’ensemble. La défensive a été très chiche pendant trois quarts et demi…avant de jouer de façon exagérément préventive dans la dernière moitié du quatrième quart, permettant aux Bombers d’inscrire des points au tableau qui pourraient devenir utiles en cas de bris d’égalité à la fin de la saison. Mais une fois de plus les Shae Emry, Chip Cox, Jerald Brown, Dwight Anderson et Rod Davis ont tous connu de solides prestations en défensives. Un bémol dans le cas de  Davis qui a réussi un violent sac du quart où le contact casque à casque aurait dû lui valoir une pénalité mais lui vaudra probablement une amende imposée par la LCF.

Même les unités spéciales des Alouettes, talon d’Achille de l’équipe depuis quelques années, ont enfin joué avec cohésion. Bo Bowling est peut-être le spécialiste des retours que l’on recherchait même si, avant d’être blessé, le jeune Trent Guy semblait sur le point de s’assurer du poste. Les entraîneurs des Alouettes auront quelques décisions difficiles à prendre au cours de la prochaine semaine avant de convier les joueurs à la prochaine réunion d’équipe, mais ce sont là de beaux problèmes nettement plus agréables à gérer que les décisions qui attendent les dirigeants des Bombers.

Les Alouettes sont en vacances avant de reprendre le collier dans deux semaines contre les Eskimos à Edmonton. Leurs partisans peuvent respirer d’aise, je pense que l’équipe, dont le visage a considérablement changé depuis l’an dernier, est sur la bonne voie.

Cela dit, la lutte pour le premier rang dans l’Est s’annonce passionnante et risque de l’être jusqu’au tout dernier match de la saison. Et devinez où les Alouettes disputeront leur dernier match le 3 novembre prochain? Winnipeg!