Euro - Analyse : Qualifiés sans gloire

La France, qui perd contre la Suède, et l’Angleterre qui bat l’Ukraine 1-0 sans panache ni conviction, ont sauvé leur peau dans un (faible) groupe D qui s’est quand même conclu par deux rencontres agréables à suivre.



Roy Hodgson avait laissé Carroll et Walcott sur le banc. Ça laissait augurer des intentions des Anglais… Longtemps, ils ont spéculé sur le nul. Ils misaient essentiellement sur les ballons aériens, via des coups de pieds arrêtés ou des centres. Ils envoyaient aussi de longs dégagements dans les airs mais n’y étaient pas suffisamment souverains devant pour ensuite regagner le ballon.

En fait, comme depuis le début du tournoi, ils ont surtout compté sur Gerrard pour réaliser la passe miracle. Et une fois de plus, il y est parvenu ! Un corner mal dégagé lui est revenu, il a étalé sa technique et son centre a été repris victorieusement par Rooney, à la bonne place, qui a marqué son premier but en grand tournoi depuis 2004. Le gardien ukrainien, Pyatov, s’est fourvoyé sur le centre, mais le ballon, dévié deux fois, n’était pas si facile à juger. Gerrard a aussi superbement lancé Rooney vers le 2-0 et il a fallu un bon retour de Yarmolenko pour sauver les meubles.

L’Ukraine voulait la victoire. Shevchenko, blessé au genou, avait commencé sur le banc. Oleg Blokhine s’était aussi volontairement privé de certains trentenaires, dont Voronin, qui l’avaient déçu contre la France. Ces changements lui ont fait revoir sa tactique : plutôt que de passer par l’axe, il comptait sur les flancs pour amener le danger. À droite, Gusev montait beaucoup pour permettre à Yarmolenko de rentrer dans le jeu. À gauche, le droitier Konoplyanka a été l’homme le plus dangereux.

Sauf que leurs actions étaient toujours les mêmes et très prévisibles pour les défenseurs anglais. Ce qui explique que, malgré sa domination, l’Ukraine se soit créé si peu d’occasions. À court de solutions, Blokhine a fait s’échauffer Shevchenko peu après que les supporters aient commencé à scander « Sheva, Sheva » et l’a fait monter au jeu quelques instants plus tard.

Le gardien Hart peut aussi dire merci à ses défenseurs centraux. Lescott lui a sauvé la mise quand il a difficilement repoussé un puissant tir de Konoplyanka. Et Terry a dégagé in extremis un tir de Devitch. Le ballon semble avoir franchi la ligne. L’absence de réaction (qu’il ait raison ou non) de l’arbitre derrière la ligne va encore soulever le débat sur son utilité… Mais le fait que ce but n’ait pas été validé n’est que justice car au départ de la phase, Milevski est lancé en position hors-jeu.

Au bout du compte, on a eu droit à une rencontre riche en suspense et en rebondissements, malgré la faiblesse du jeu proposé par les deux protagonistes. Au moins, le futur quart de finaliste y a gagné… La France ne peut pas en dire autant!

C’est vrai, elle a obtenu la première occasion de son match contre la Suède. Mais ensuite, comme l’Angleterre, elle a spéculé sur le nul et, à part tirer de loin, n’a pas montré grand-chose. La Suède, déjà éliminée, voulait sauver l’honneur et a enfin joué comme on était en droit de l’attendre d’elle. Dommage que ça se soit produit trop tard.

Ça a été encore meilleur en deuxième mi-temps, après la montée de Wilhelmsson. En fait, chaque fois que ce dernier est entré sur le terrain, la Suède, que l’on nous disait offensive, a développé son meilleur jeu de la compétition. Aujourd’hui, Ibrahimovic a aussi fait preuve d’un meilleur esprit collectif (oui, on peut dire qu’il a suivi l’exemple de Ronaldo) et ça a rejailli sur toute l’équipe.

L’attaquant vedette a ouvert le score en marquant l’un des plus beaux buts du tournoi. En marquant le deuxième but, Larsson permet à son équipe de repartir la tête haute… mais aussi avec de nombreux regrets. Entre temps, Lloris avait empêché les chiffres d’être encore plus lourds!

Les Français, qui ont fait preuve de beaucoup de suffisance, ont joué un très mauvais football et rarement combiné en un temps, vont oublier ce match au plus vite, mais devraient en tirer certaines leçons.
Pour certains joueurs, la motivation ne semblait pas au rendez-vous. Gageons qu’il en sera autrement pour le quart de finale contre l’Espagne. De son côté, l’Angleterre se mesurera à l’Italie.

LIRE | Des vedettes, en veux-tu? En voilà!

À LIRE | Qui pour faire tomber l'Espagne?

Suivez Matthias Van Halst et Yahoo! Québec sur Twitter!