Euro - Analyse : Les grands noms répondent aux attentes

Si l’affiche de la journée opposait la France et l’Angleterre, ce sont bel et bien Andreï Shevchenko et Zlatan Ibrahimovic qui ont été les vedettes des rencontres d’ouverture du groupe D.



Parce que bon, ce France - Angleterre était peut-être un des duels les plus attendus de la première journée de compétition, mais il fut en réalité l’un des plus décevants.

Les Français se sont résolument installés dans le camp anglais durant toute la rencontre, mais le chant du coq fut rarement inspiré. Comptant trop sur les qualités individuelles de Ribéry, Nasri et Benzema pour faire la différence, ils se sont surtout marché sur les pieds. On pouvait constater cette défaillance collective en observant par exemple Debuchy abandonné sur son flanc droit, ou Benzema, qui participait bien à la construction, mais oubliait de se présenter dans le rectangle quand on l’y attendait.

Quant aux Anglais, ils se regroupaient derrière – on aurait cru qu’ils venaient de découvrir le catenaccio – et misaient sur les qualités de Gerrard pour animer leurs rares attaques en lançant des avants rapides qui tentaient de prendre la défense française de vitesse, sortant épisodiquement le jeu anglais (et le match) de sa lenteur. Gerrard a permis aux trois lions de sortir de leur sommeil en envoyant un coup franc sur la tête de Lescott, qui a ouvert la marque.

Cela n’empêchait pas l’Angleterre d’être particulièrement amorphe et de défendre très bas. Et quand on défend bas, parfois on recule tellement qu’on laisse la possibilité à l’adversaire de tirer de loin. Quand Nasri a reçu cette chance, il l’a saisie pour égaliser, marquant du même coup le premier but du tournoi sur un envoi à distance. Un élan d’inspiration qu’il doit à lui seul, car le jeu collectif français semblait avoir davantage pour objectif de garder le ballon que de l’envoyer dans le but adverse.

La suite, on aurait pu s’en passer. Dans une chaleur torride, les deux équipes ont joué la peur au ventre. Heureuse de son point, l’Angleterre continuait de fermer la porte à une France craintive de se faire rejouer le même tour qu’en première mi-temps. La France a certes tiré à quelques reprises, mais on voyait surtout les deux formations se retrancher en bloc dès que l’adversaire avait le ballon, et ne prendre aucun risque. Alors qu’ils chantaient en début de match, les supporters ont hué les 22 acteurs en deuxième mi-temps…

Alors, non, la France et l’Angleterre n’ont pas répondu aux attentes. Les grands noms dont je vous parle, ce sont les attaquants sur qui toutes les caméras étaient braquées lors d’Ukraine - Suède : Shevchenko et Ibrahimovic.

Malgré une composition d’équipe relativement offensive, la Suède a laissé la direction des opérations à son adversaire, qui avait quelque chose à prouver à son public. Gagnant plus de duels, les Ukrainiens ont déterminé le rythme de la rencontre sur laquelle Kallström et Elm ont longtemps eu trop peu d’emprise.

C’est pourtant Ibrahimovic qui a ouvert la marque pour les siens en début de deuxième mi-temps, lui qui a été dans tous les bons coups de son équipe, bien trop rares avant le repos. Comme en 2004 et 2008, il a marqué lors du premier match de la Suède à l’Euro. Son but sauve temporairement l’honneur des meilleurs buteurs des grands championnats européens, qui n’avaient pas encore marqué dans le tournoi.

Sans se montrer réellement dangereuse pour Isaksson, l’Ukraine avait jusque-là hérité des meilleures occasions. Shevchenko et Voronin ont touché beaucoup de ballons, Iarmolenko s’est régulièrement montré menaçant. Le but adverse a en fait été le choc nécessaire aux Ukrainiens pour se relancer, et leur grande vedette a joué les héros.

Il est intéressant de regarder de plus près les deux buts de Shevchenko. Sur le premier, certes le centre de Iarmolenko est très beau, mais le buteur arrête de courir pour laisser reculer les deux défenseurs qui le tiennent et surgit ensuite au moment idéal. Sur le second, il prolonge un corner au fond des filets après avoir fait le tour complet d’Ibrahimovic! Deux buts qui, tant dans leur préparation que dans leur finition, sont l’apanage des grands buteurs.

La Suède a trouvé l’inspiration une fois placée dans l’obligation de marquer : ses joueurs créatifs ont montré leurs qualités, suivant l’exemple de Wilhelmsson, auteur d’une très belle montée au jeu en fin de match. L’Ukraine a de son côté levé le pied, ce dont elle a failli se mordre les doigts, mais les Suédois n’ont pas réussi à concrétiser leurs occasions.

Auteurs de tous les buts de la rencontre, Shevchenko et Ibrahimovic ont porté leur équipe respective. Leur duel a tourné en faveur du premier nommé, ce qui plaira sans doute aux amoureux de la morale puisque quand l’Ukrainien a voulu serrer la main à son adversaire en début de match, celui-ci a tourné la tête…

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