Euro - Analyse : L’art de passer à côté de la montre en or

Quand on a l’occasion de faire la différence, il ne faut pas la laisser passer. La Pologne et la Russie l’ont appris à leurs dépens, elles qui ont eu les possibilités de forger leur qualification, mais n’en ont pas profité. La République Tchèque et la Grèce ont été plus réalistes et se retrouvent en quart de finale.



Comme contre la Grèce, la Pologne a été impressionnante pendant une demi-heure contre la République Tchèque, mais a ensuite manqué de jus, ce qui lui vaut l’élimination de son Euro.

Les Tchèques ont pourtant fait face à un bombardement en règle en début de match : premiers sur presque tous les ballons, remportant les duels, les Polonais ont eu le tort de rater des occasions à ne pas laisser passer. Et puis, ayant besoin d’un point sauf en cas de victoire grecque, les Tchèques n’allaient pas attaquer la fleur au fusil et risquer de le payer cher comme contre les Russes.

Les Tchèques ont dû composer sans leur maître à jouer Rosicky. Ça explique peut-être leur début de match plus compliqué. Ils perdaient facilement le ballon suite à des erreurs, ce qui exigeait ensuite une plus grande contribution défensive de toute l’équipe.

Après une demi-heure, ils ont trouvé leurs marques. À la mi-temps, ils ont appris qu’ils devaient gagner le match car la Grèce menait au score. Au retour des vestiaires, on les a donc vus dans une autre disposition. Les arrières latéraux ont beaucoup plus participé offensivement, apportant le surnombre pour la Tchéquie qui a pris la direction des opérations.

Les Polonais ont plié et en possession de balle, éprouvaient les pires difficultés du monde à trouver leurs joueurs créatifs. Les Tchèques étaient premiers sur les ballons. Les Polonais perdaient les duels. Eux aussi étaient dans l’obligation de gagner pour passer au tour suivant et, las de courir derrière le ballon, ils ont commencé à multiplier les fautes.

La Pologne s’est beaucoup appuyée sur son trio de Dortmund : Piszczek, Lewandowski et Blaszczykowski. Bien placé, fort techniquement et toujours en mouvement, ce dernier a été le joueur le plus en vue de son pays tout au long du tournoi. Mais lors de cette dernière rencontre, les trois hommes étaient éprouvés et ça s’est reflété sur la prestation d’ensemble de leur équipe. Cette fatigue globale n’a même pas pu être compensée par les incessants encouragements des supporters.

Le but montre d’ailleurs la différence de fraîcheur mentale et physique entre les deux formations. Murawski fait preuve d’un flagrant manque de lucidité quand il perd le ballon. Plusieurs mètres derrière lui, Jiracek effectue un sprint très impressionnant pour se retrouver à la conclusion de l’action et inscrire le seul but qui suffit à faire la différence.

Sans vouloir faire déshonneur aux Grecs, on peut quand même dire que la Russie s’est sortie toute seule de cet Euro. Capable du meilleur comme du pire, elle a fait preuve d’une nonchalance coupable lors de ce dernier match où un point lui suffisait.

Plus forte techniquement? Oui. D’ailleurs, elle l’a prouvé en première mi-temps lors de laquelle elle s’est créé les meilleures occasions. Sur les phases cruciales, on a encore pu apprécier les qualités de Dzagoev qui, quand il voyait un de ses partenaires mieux placé, lui donnait le ballon dans de bonnes conditions plutôt que de jouer les égoïstes.

Alors qu’on se dirigeait vers la mi-temps, certains Russes étaient déjà au vestiaire mentalement. Une rentrée en touche anodine à première vue a été mal jugée par Zhirkov, permettant à Karagounis de partir seul face à Malafeev et de marquer. Outre l’erreur individuelle, où était la couverture de la défense russe là-dessus? Nulle part! Dick Advocaat était fou furieux sur ses joueurs au moment de rentrer au vestiaire.

En deuxième mi-temps, la Russie a beau eu se ruer vers le but adverse, c’est bel et bien la Grèce qui a été la plus menaçante. Elle aurait pu obtenir un penalty et Tzavellas a envoyé un coup franc sur l’angle du but. Il a fallu attendre la fin du match pour voir Dzagoev et Pogrebnyak apporter le danger. C’était trop tard…

La Tchéquie et la Grèce ne sont clairement pas les deux équipes du groupe A qui ont développé le football le plus attractif, et leurs qualifications pour les quarts de finale (ou les éliminations de la Russie et de la Pologne) causent la première sensation majeure de ce tournoi.

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