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Geoff Molson a-t-il vraiment du leadership?




L’unanimité contre Pierre Gauthier, et même son éminence grise Bob Gainey, était telle que depuis hier, la confrérie journalistique et les partisans du Canadien ovationnent sans réserve le président de l’équipe Geoff Molson et vont jusqu’à louer son grand leadership. Vous m’excuserez de casser le party, mais je n’en suis pas encore convaincu, loin de là, et je ne suis pas le seul.

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J’étais invité jeudi soir à une soirée caritative au profit d’Opération Enfant-Retour, et j’y ai croisé plusieurs décideurs et chefs d’entreprises provenant de toutes les sphères d’activité économique de la société. Vous devinerez que le grand ménage du printemps chez le Canadien fut le principal sujet de conversation. Or, le commentaire que j’ai entendu revenir le plus souvent fut que le congédiement de Gauthier, la conférence de presse avant un départ du Canadien pour New York et même le texte concocté par les scribes de National, puis lu nerveusement par Geoff Molson sentaient l’improvisation à plein nez. Un commentaire entendu, je vous le rappelle, dans la bouche de détenteurs d’abonnements au Centre Bell et même de loges corporatives.

« Pourquoi maintenant? Pourquoi avoir attendu si longtemps? », ont-ils tous demandé.

Geoff Molson a pris la décision qui s’imposait, nous sommes tous d’accord. Mais cette décision, tous les partisans du Canadien la voulaient depuis des lunes. Cette décision lui fut réclamée à la une de grands quotidiens par certains de mes collègues les plus influents. Pourquoi maintenant? Geoff Molson a tenté de répondre à la question en invoquant l’élimination « officielle » de son équipe, mais je n’ai pas été convaincu. Je l’ai trouvé un peu trop nerveux, voire un peu trop hésitant, pour un président venu tenter de rassurer ses partisans.


Comment dirais-je, je ne l’ai pas trouvé aussi « présidentiel » que je l’aurais voulu. Encore une fois, je ne fus pas le seul. D’autres, des présidents d’entreprise ceux-là, ont eu la même perception.

Il a donné l’impression de céder à la pression populaire plutôt que d’avoir évité la crise. Pour la démonstration de grand leadership, on repassera.

Cela dit, c’est à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la nomination du nouveau directeur général que Molson et son équipe doivent nous rassurer, nous donner des signes d’encouragement, nous convaincre que la grande noirceur est terminée chez le Canadien.

Le Canadien ne participera pas aux séries et depuis ce matin, les détenteurs de billets sont sollicités pour qu’ils renouvellent leur abonnement saisonnier. Une source bien informée m’assure que ce n’est pas l’exercice de routine aussi facile que l’on pourrait croire vu la longue liste d’attente. Les centaines de bancs vides au Centre Bell depuis quelques matches appartiennent à des détenteurs d’abonnement. Ce sont des sièges qui leur coûtent 200, 300 et jusqu’à 400 dollars par match. Des sièges qui sont demeurés vides souvent parce leurs détenteurs ont été incapables de les refiler à la dernière minute (Ne riez pas, ça arrive. J’ai déjà dû faire une dizaine d’appels pour trouver un preneur pour quatre excellents billets que je donnais pour un match présenté un samedi après-midi). Je ne connais personne qui souhaite jeter à la poubelle autant d’argent, peu importe leurs moyens financiers.

Ce sont ces gens-là à qui le Canadien doit d’abord redonner de bonnes raisons de croire que la dernière décennie fut une anomalie qui ne se répétera plus de sitôt.

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Le vrai travail commence maintenant. Je laisserai à d’autres le soin de supputer les chances d’un McGuire, Brisebois, Damphousse ou Roy pour prendre les commandes des opérations hockey de l’équipe. Je n’ai pas la prétention de posséder tous les éléments en main pour évaluer les compétences réelles de tous ceux dont les noms sont évoqués depuis jeudi midi. C’est un mandat qui a été confié à Serge Savard et je crois que nous pouvons lui faire confiance à cet égard. Mais à la lumière de ses propos, ce sera un ancien joueur et il parlera français. Connaissant le grand Serge, ce sera aussi un esprit vif et un habile négociateur.

Je ne suis peut-être pas encore convaincu du leadership dont est capable Geoff Molson, mais je n’ai aucun doute quant à celui de Serge Savard. J’espère qu’il est retour dans l’organisation pour de bon. Le Canadien ne s’est jamais remis de son congédiement.

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