C-A Marchand: La culture de l’intimidation et la LNH

Vous me faites bien rire quand je vous entends vous scandaliser de l’intimidation et du bullying dans les cours d’écoles. Je vous trouve surtout terriblement hypocrites. Pourquoi en faites-vous donc tout un plat quand, assis devant votre téléviseur, vous applaudissez le hockey que nous offrent les présentes séries éliminatoires de la Coupe Stanley?

Ce n’est pas en brisant des jambes, des mâchoires ou des clavicules que l’on triomphe dans le formidable hockey printanier? Les imbéciles qui jouent les matamores dans les cours d’école ne seront-ils pas bientôt vos idoles, ces joueurs qui ont le feu sacré et savent «ce que ça prend» pour gagner?

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Je ne vous comprends plus. Un gros cave tapoche pour le plaisir un maigre freluquet pour se donner de l’importance devant ses camarades de classe et vous montez aux barricades alors que la même scène, sur patins, vous incite à parler de hockey «pour hommes», de jeu «viril» ou d’intensité comme on en voit qu’en séries! À part les patins et le compte en banque, c’est quoi la différence entre les deux gros caves?

Faudra m’expliquer. Comment réussissez-vous à concilier la tolérance zéro pour les enfants face à la violence gratuite tout en applaudissant tous les coups vicieux, tous les actes barbares et immondes commis sur la patinoire pour éliminer les meilleurs joueurs? Pourquoi dénoncer le «bullying» à l’école et l’encourager dans la LNH sous prétexte que c’est ainsi que l’on gagne éventuellement la Coupe Stanley?

Comment expliquez-vous à vos enfants de se servir de leur tête, et non de leurs poings, quand vous êtes les premiers debout dans le salon à vous pâmer devant ces hockeyeurs qui se croient tout permis, même d’arracher la tête d’un rival, pour passer à la ronde suivante?

Je vous ai un peu menti en début de semaine lorsque je vous ai décrit avec passion le bonheur que m’a procuré le Grand Prix de Chine. Je n’avais pas envie de bouder mon bonheur, mais la vérité c’est que j’étais plutôt furieux après avoir vu les matches de hockey du week-end, particulièrement celui entre les Flyers et les Penguins. J’avais la rage au cœur en voyant Claude Giroux et Sidney Crosby jeter les gants pour tenter de se livrer à un combat de boxe. Bravo! C’est ça le hockey des séries? Deux hockeyeurs de talent, deux victimes de commotions cérébrales, qui se croient obligés de se taper sur la gueule comme de vulgaires gorilles, c’est ça le hockey de printemps? Un combat opposant Kristopher Letang à Kimmo Timonen, vous trouvez vraiment ça excitant? Hulk Hogan qui déchire sa camisole pour montrer ses muscles gonflés aux stéroïdes et encourager les joueurs des Flyers à être encore plus violents, au grand plaisir des gens de Philadelphie, c’est vraiment ça les séries dans la LNH?

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Bien sûr que si les officiels appelaient les punitions, nous n’en serions pas là. Bien sûr que si Brendan Shanahan n’avait pas abdiqué à la mi-saison au point de nous faire regretter son prédécesseur Colin Campbell, nous ne serions jamais tombés aussi bas dans la LNH. J’ai l’impression que nous sommes de retour à la désolante époque des Broad Street Bullies.

C’était quoi la justification de l’assaut de Shea Weber sur Henrik Zetterberg? Un geste qui ne méritait vraiment que 2500 $ d’amende? Qui peut m’expliquer le vicieux coup de coude de Carl Hagelin au visage de Daniel Alfredsson? Le geste de Brian Boyle sur Erik Carlsson? L’assaut sauvage de Matt Carkner sur Boyle? Le double échec en pleine gueule d’Arron Asham sur Brayden Schenn? Le coup salaud d’Andrew Shaw sur Mike Smith? Et j’en passe. Vraiment, c’est ça le hockey des séries? C’est votre définition de l’intensité?

Si oui, alors vous devriez applaudir l’intimidation dans les cours d’école. Soyez conséquents! Applaudissez les gros caves qui maltraitent les plus vulnérables où qu’ils se trouvent. Admirez leur belle intensité, leur volonté de vaincre à tout prix! N’est-ce pas ce que vous faites de toute façon quand le hockey cesse d’être un sport de vitesse et de finesse?

Si jamais les Nordiques ressuscitent, si jamais ils affrontent à nouveau le Canadien dans la ronde du printemps et que vous vient l’idée d’organiser un combat entre Youppi et Badaboum, ne m’invitez surtout pas. Je me serai probablement déjà exilé à Kaboul ou Kandahar.